« Mais tu ne comprends rien ! J’ai pas envie d’avoir 18 ans !! »
Ce cri de colère, presque de révolte, nombre de travailleurs sociaux l’ont entendu. Cette majorité, ce rite de passage, vécu par la plupart des enfants comme une promotion, comme une marche festive vers le statut d’adulte est source de bien des angoisses chez les jeunes de la protection de l’enfance. La majorité peut réactiver le vécu d’abandon qui a bien souvent émaillé leurs parcours.
Les jeunes de la protection de l’enfance n’auront pas le luxe de devenir des « Tanguy ».
Stéphane Troadec-Branellec, directeur des Enfants du Compas, témoigne. « La totalité des jeunes qu’il m’a été donné d’accompagner éprouvent une peur réelle face à cet inéluctable passage à la majorité. Même ceux qui auront nourri au cours de l’adolescence une certaine rancœur, voire parfois un véritable sentiment de révolte à l’encontre des institutions, de la justice, des « éducs », crient à un moment donné leur sentiment de vide face à un avenir incertain, dans une société où nos « adulescents » lambda n’acquièrent leur autonomie que progressivement et ne quittent le giron familial que de plus en plus tardivement ».
En dépit de plusieurs projets de loi successifs, le législateur n’impose toujours aucune obligation aux départements pour subventionner l’accompagnement de ces jeunes adultes.
A la fin de leur placement nombre de jeunes n’ont pas de solution pérenne pour s’insérer sereinement dans la société : certains se retrouvent à la rue (ndlr : comme le soulignent les chiffres de l’ONPE, 40 % des SDF de moins de 25 ans viennent de l’ASE, alors qu’ils ne représentent que 2 à 3 % de la population française), d’autres retournent chez leurs parents sans que ce retour ait été préparé etc.
Accompagner un jeune majeur nécessite d’envisager l’autonomie sous divers angles : financière, fonctionnelle et surtout affective. L’autonomie financière : financement des études, du logement… L’autonomie fonctionnelle : savoir gérer son quotidien, son ménage, ses courses, savoir se déplacer, apprendre à maitriser le mille-feuille administratif français, etc. Mais l’axe le plus important : l’autonomie affective. A 18, 19 ou 20 ans, ces garçons et filles doivent apprendre à dompter la solitude.
Le paradoxe de la situation de ces jeunes est qu’ « il leur est demandé plus d’autonomie qu’aux autres jeunes de leur âge alors qu’elles et ils ont moins de ressources (familiales, relationnelles, psychologiques, financières, sociales, etc.) » citation d’un rapport du CESE, Antoine Dullin, Prévenir les ruptures dans les parcours en protection de l’enfance, juin 2018.
Pourquoi nous aider ?
Le jeune majeur doit se savoir exister dans un lien d’attachement, se savoir inscrit dans un réseau soutenant, se savoir citoyen du monde. L’un des enjeux fondamentaux, si souvent identifié, mais toujours insuffisamment pris en compte, réside dans l’ancrage du jeune dans une communauté capable de le soutenir au-delà même de l’enjeu institutionnel.
C’est à cet enjeu que répond l’Union pour l’Enfance en préparant les jeunes dès 16 ans à anticiper le passage à l’âge adulte. Elle les accompagne pour obtenir progressivement une autonomie financière, connaitre leurs droits, s’orienter, s’entourer ou tout simplement avoir confiance en soi.
Le programme « Parcours pour la Vie » a été conçu pour les aider à se projeter dans l’avenir et nouer des liens constructifs.
Pour cela, nous donnons l’occasion aux jeunes volontaires de rejoindre un projet collectif et solidaire sur 2 années consécutives.
Ils peuvent y suivre des ateliers de connaissance de soi et de développement personnel, réaliser un projet concret de A à Z, et bien évidemment, partager de nombreux moments de divertissement et de vie en collectivité pour nouer des liens solides avec l’extérieur. La première année est centrée sur la connaissance de soi et de ses talents. La deuxième est quant à elle tournée vers la réalisation d’un projet solidaire à l’international.
A quoi va servir votre don dès les prochains mois ?
Ce projet, financé à hauteur de 50% par les subventions, est rendu possible uniquement par vos dons et votre présence à nos côtés. Si vous le souhaitez, faites un don ou rejoignez-nous et permettez ainsi à nos jeunes majeurs d’aborder l’entrée dans la vie autonome sereinement et de développer leur réseau.
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Découvrez nos actions pour remobiliser les jeunes en décrochage scolaire et protéger les mères isolées et leurs enfants
Un grand merci pour votre confiance et votre générosité