Union pour l’Enfance

Protéger l’enfant, faire éclore l’adulte.

Communiqué de presse : des chiffres alarmants sur les violences sexuelles subies par les enfants 

Enquête inédite : des chiffres alarmants sur les violences sexuelles subies par les enfants

L’Union pour l’Enfance a lancé fin 2024 une enquête dans ses établissements afin de mesurer l’ampleur des violences sexuelles subies par les jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et d’identifier ceux présentant des comportements à risque. Une réalité encore largement méconnue, faute de données représentatives.

L’étude, menée dans 8 de nos établissements accueillant 381 jeunes de 0 à 21 ans, vise à améliorer les outils et formations des professionnels pour renforcer la détection, la prévention et l’accompagnement. 

Mais l’enjeu dépasse le cadre d’accompagnement : il s’agit aussi de sensibiliser l’opinion publique et d’alerter les pouvoirs publics sur cette réalité encore trop méconnue.

Un nombre élevé de jeunes ayant été victimes de violences sexuelles

Les professionnels ont été interrogés pour estimer le nombre de jeunes victimes, en distinguant deux situations : 

  • Les violences sexuelles avérées : celles ayant motivé le placement, révélées plus tard ou subies pendant celui-ci.
  • Les violences sexuelles supposées : détectées par des comportements évocateurs, bien que non encore révélées par l’enfant.

Les résultats sont édifiants : 1 enfant sur 2 aurait été victime de violences sexuelles, dont une part significative d’incestes, un fléau encore sous-estimé qui touche 1  français sur 10 soit 3 enfants par classe.

Chaque année en France, parmi les 160 000 enfants victimes de violences sexuelles, 81 % le sont dans un cadre intrafamilial  (parents, beaux-parents, grands-parents, frères et sœurs, oncles et tantes, etc.). Paroxysme des dominations, l’inceste, qui combine à la fois le lien familial brisé et le crime sexuel, n’est que peu signalé. Seulement 5 % des pères et 6 % des mères vont porter plainte. Une réalité qui persiste en raison du tabou entourant ces violences, de la peur des représailles ou du manque d’information et de sensibilisation.

Des répercussions lourdes et des conduites à risque

Les violences sexuelles subies durant l’enfance ont des conséquences profondes sur le développement des jeunes, fragilisant leur confiance et générant des troubles de l’attachement. Lorsqu’elles sont infligées par un adulte proche, l’impact est encore plus dévastateur.

L’enquête met en évidence un lien direct entre ces traumatismes et des comportements à risque : 

  • Reproduction des violences subies.
  • Comportements sexuels inquiétants liés à une quête d’affection.
  • Mises en danger répétées.

L’exploitation sexuelle des mineurs confiés à l’ASE

L’enquête révèle que certains mineurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance sont pris dans des réseaux de prostitution. Leur vulnérabilité en fait des cibles privilégiées pour les réseaux d’exploitation.

Le lien entre prostitution et antécédents de violences sexuelles est avéré, soulignant la nécessité d’une protection renforcée pour ces jeunes. Près de 90 % des personnes en situation de prostitution ont été victimes de violences durant leur enfance, mais cela ne doit pas être un déterminisme. 

C’est pourquoi nous souhaitons agir pour briser ce cycle et offrir des solutions adaptées pour chaque parcours.

Un appel à soutien massif

Face à ces constats, il faut un engagement fort :

  • Sensibiliser l’opinion publique : rendre ces réalités visibles pour susciter une prise de conscience collective.
  • Alerter les pouvoirs publics : renforcer la formation des professionnels, sensibiliser directement les jeunes et encadrer plus strictement les plateformes numériques et les réseaux sociaux facilitant les abus.

Un événement pour agir ensemble

Les résultats seront dévoilés et discutés lors d’un événement organisé le 2 avril à l’Assemblée nationale.

Professionnels, associations, jeunes et représentants des pouvoirs publics seront réunis pour élaborer des réponses collectives à cette problématique cruciale.

Contact

  • Camille Pinget, Responsable Qualité et Plaidoyer / c.pinget@unionpourlenfance.com – 06.16.33.55.01
  • Aude Doumenge, Chargée de Plaidoyer / aude.doumenge@facealinceste.fr – 06 40 06 87 11

Fondée en 1887 et reconnue d’utilité publique, l’Union pour l’Enfance œuvre depuis plus de 135 ans pour la protection et l’insertion des enfants et parents vulnérables. Habilitée par l’Aide Sociale à l’Enfance de 23 départements, elle accompagne plus de 600 enfants et 300 parents au sein de ses 13 établissements, offrant un cadre sécurisé et bienveillant pour leur développement et leur avenir.

Créée en 2000, Face à l’Inceste est une association engagée dans la défense de l’enfance et pour briser le silence autour de l’inceste. Elle sensibilise l’opinion publique et agit pour faire évoluer les lois afin de mieux protéger les victimes. Par ses actions de plaidoyer, elle milite pour une justice plus adaptée, notamment en faveur de l’imprescriptibilité des crimes incestueux et d’une protection immédiate des mineurs en danger. Face à l’inceste mène également des actions de formation en direction des professionnels amenés à côtoyer les enfants.

Depuis février 2024, l’Union pour l’Enfance et Face à l’Inceste s’associent pour lutter efficacement contre l’inceste et dépasser le traumatisme sexuel.