Les recherches scientifiques et cliniques confirment que les enfants victimes de violences, qu’elles soient physiques, psychiques ou sexuelles, ont davantage tendance à adopter des comportements à risque. Ces réactions s’expliquent par les séquelles du traumatisme et les mécanismes de survie mis en place.
Parmi ces violences, les agressions sexuelles subies dans l’enfance constituent un facteur de risque important, notamment concernant les comportements sexuels à l’adolescence. Les enfants victimes d’inceste sont particulièrement exposés au risque d’exploitation ultérieure.
Alertés par des professionnels confrontés à des situations préoccupantes (agressions entre enfants, prostitution), nous avons lancé une enquête dans 8 de nos établissements de l’Union pour l’Enfance afin d’établir un état des lieux précis et adapter l’accompagnement.
Les résultats de cette enquête apportent une meilleure connaissance de la réalité des jeunes en protection de l’enfance et permettent d’évaluer la gravité ainsi que les conséquences des violences sexuelles subies durant l’enfance.
Les chiffres clés
Un nombre élevé de jeunes ayant été victimes de violences sexuelles
Notre enquête révèle que 22% des jeunes accompagnés ont été victimes de violences sexuelles de manière avérée.
Parmi ces 22% :
- 39% ont été placés en raison de ces violences
- 64% les ont révélées après leur placement
- 18% ont subi ces violences durant leur période de placement
Près d’un enfant placé sur deux aurait été victime de violences sexuelles
Parallèlement, en plus des 22% de cas avérés, nous estimons que 24% des jeunes accueillis auraient également été victimes de violences sexuelles, sur la base d’observation d’un ensemble d’indices concordants.
L’addition de ces chiffres permet d’estimer que 46% des jeunes pris en charge par l’Union pour l’Enfance auraient été victimes de violences sexuelles, soit près d’un jeune sur deux. Ce chiffre est particulièrement marquant lorsqu’on le compare aux données de la population générale, où une personne sur dix rapporte avoir été victime de violences sexuelles durant son enfance .
Ces résultats, bien que saisissants, restent cohérents en termes d’écart avec la population générale puisque les jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) relèvent précisément de l’enfance en danger. Il est donc évident qu’ils présentent un risque plus élevé d’avoir été victimes de violences, par rapport à l’ensemble de la population. Ces chiffres soulignent toutefois l’ampleur des violences sexuelles parmi les types de violences et maltraitances ayant été subies par les jeunes accueillis. Il existe à ce jour peu de données représentatives sur la prévalence des violences sexuelles parmi les jeunes pris en charge par l’ASE.
Près d’un enfant placé sur trois présente des comportements sexuels problématiques
L’enquête révèle qu’environ un enfant sur trois présente des comportements sexuels problématiques, un chiffre qui met en lumière la manière avec laquelle une partie des enfants accueillis à l’Union pour l’Enfance expriment leurs questionnements et leurs problématiques en lien avec la sexualité.
Ces comportements problématiques incluent des conduites à risque et mènent à des mises en danger, comme la reproduction d’agressions sexuelles vécues, des situations d’emprise ou l’implication dans des réseaux de prostitution, entre autres.
Les comportements sexuels ordinaire et les comportements sexuels problématiques
Selon le stade de développement psychosexuel de l’enfant, majoritairement déterminé par son âge, les comportements sexuels qu’il manifeste peuvent être considérés comme des comportements de découverte, des comportements préoccupants ou des comportements très inquiétants.
- Le comportement sexuel ordinaire : Le comportement sexuel chez l’enfant existe, et il fait partie de son développement. Découverte de son corps, compréhension du système de reproduction, découverte de l’autre, etc., un grand nombre de comportements sexuels chez l’enfant peuvent être qualifiés d’ordinaires lorsqu’ils sont motivés par la curiosité, spontanés, isolés et avec une fréquence limitée.
- Le comportement sexuel problématique : Un comportement sexuel peut être considéré comme problématique selon l’âge, la fréquence et le fait que les comportements se reproduisent malgré les explications d’un adulte. Ces comportements alertent sur la nécessité de recourir à une aide professionnelle, comme celle d’un pédopsychiatre, d’un psychologue, d’un sexologue, ou de structures spécialisées.
L’idée n’est donc pas de développer une hypervigilance chez les professionnels, mais de leur permettre une analyse éclairée des différents comportements sexuels des enfants qu’ils accompagnent pour intervenir de manière adaptée.
Pour en savoir plus et découvrir toute notre enquête
